Petra Van Brabandt. Salon d'amitié - À cœur ouvert

Conversation

Petra Van Brabandt appelle l’artiste visuel Saddie Choua à installer l’un de ses salons dédiés aux femmes et à la sororité : des espaces doux et inspirants, des lieux de pensées et de soins, de retraits et d’échanges, habités au gré des journées par des objets, des références visuelles, des musiques qui en nourrissent l’atmosphère et les échangent qui s’y tissent. Petra Van Brabandt vous y accueillera aux côtés de certaines de ses amitiés activistes, artistiques, intellectuelles, affectives et/ou pour des conversations à cœur ouvert. Quelle place accorder à l’intime dans la sphère publique ? Quels types d’amitié se tissent dans le travail et quelle place accorde-t-on aux amitiés publiques entre femmes alors que cette tradition est plutôt masculine ? Le Salon d’Amitié est un espace convivial ouvert à toustes, où construire une intimité progressive, où échanger sur nos travaux, nos engagements personnels, nos positions individuelles, où notre force réside notamment dans la reconnaissance de nos fragilités.

Invité·e·s :

1er septembre : Petra Van Brabandt invitera Saddie Choua dans son propre salon pour regarder une partie de son installation video Today is the shortest day of the year but somehow hanging around with you all day makes it seem like the longest (2020). Cette œuvre rapproche les films Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman et La noire d … (1966) d’Ousmane Sembène et offrira une occasion d’aborder ensemble les notions d’inspiration artistique, les relations de pouvoir, de genre et de race en jeu dans l’Histoire (de l’art) qui nous est transmise, ainsi que les loyautés féministes et sororité (im)possible.

2 septembre : Face à la figure féminine, l’art et la pornographie semblent adopter des attitudes contradictoires : l’un semble célébrer « la femme », l’autre la rabaisser au rang d’objet de pulsions. Hans Maes et Petra Van Brabandt démontrent dans leur livre Kunst of Pornografie? que la question est en fait plus nuancée. Lors de leur discussion, iels reviendront sur la complexité de cette relation entre art et pornographie, sur la violence de l’histoire de l’art envers les femmes mais aussi sur la manière dont a pu se tisser leur amitié intellectuelle et leur collaboration dans l’écriture à partir d’un indispensable féminisme partagé.

8 septembre : Lucile Saada Choquet est performeuse féministe décoloniale. Afrodescendante et adoptée, elle choisit de transformer sa colère antiraciste à travers des gestes poétiques qui interrogent des systèmes hégémoniques. Sa première création « Jusque dans nos lits » (in situ) est une installation-performance qui crée du temps et de l'espace pour les héro·ïne·s racisé·e·s contemporain·e·s. Pour ce travail documentaire, depuis des lieux différents, Lucile Saada Choquet et Petra Van Brabandt ont travaillé à produire une dramaturgie décoloniale. Comment développer un art relationnel à l'intérieur d'institutions qui excluent et distinguent ? Comment témoigner de l'intime dans un contexte qui est historiquement violent et autoritaire ? Elles poursuivront leurs échanges dans le Salon d’Amitié.

9 septembre : Petra Van Brabandt et Ilse Ghekiere ont tissé des liens d’amitié dans leur travail militant. Ilse Ghekiere est fondatrice d’Engagement Arts. Ensemble, elles reviendront sur l’histoire de ce mouvement, qui est aussi celle de MeToo : initié par des cas médiatiques mais nourri d’un travail profond, constant et collectif non-médiatisé. En regard de cette histoire, elles se demanderont quels sont les enjeux actuels de la lutte, tant pour les collectifs militants que pour elles-mêmes individuellement, dans leur carrière d’activistes.

Le salon de Petra Van Brabandt et Saddie Choua est accessible de 14h à 17h du mardi au samedi (sauf le 03 septembre), vous pouvez y installer, y passer, lire, écouter, y faire des rendez-vous, etc...

Petra Van Brabandt est philosophe féministe. Elle est à la tête du département de recherche de Sint Lucas School of Arts à Anvers, où elle enseigne la sémiotique et la critique de la culture. Elle y encadre des doctorats et des projets de recherche en arts et elle est responsable plus spécifiquement de l'Advanced Master of Research in Arts in a social-political context. Elle travaille avec plusieurs artistes femmes et elle écrit sur les dimensions politiques de l’art et la pornographie. Elle donne des conférences et des ateliers en tant que membre d’Engagement Arts, un mouvement qui lutte contre le sexisme, le harcèlement sexuel et l’abus de pouvoir dans le milieu de l’art et de l’éducation artistique en Belgique. Récemment, elle a publié un essai philosophique sur l’Art et la pornographie co-écrit avec Hans Maes (University of Kent), Kunst of Pornografie?, ASP, 2021.